Le Corbusier est un architecte français célèbre du XXe siècle. On lui doit un certain nombre de constructions et d’œuvres qu’il a réalisées dans le monde entier et qui restent aujourd’hui des références dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme. Je suis allée visiter l’une de ces constructions, la Maison radieuse, à Rezé. Retour en images.
La Maison radieuse fait partie des cinq unités d’habitation appelées « Cités radieuses » réalisées par Le Corbusier au cours du XXe siècle. En juillet dernier, la première d’entre elles, installée à Marseille, est entrée au prestigieux patrimoine mondial de l’UNESCO. Le concept des cités radieuses est de voir l’immeuble comme un véritable village, dans lequel les habitants sont des villageois et où le lien social existe vraiment. Ainsi, les couloirs sont considérés comme des rues, et d’ailleurs, les boîtes aux lettres des habitants sont réunies à chaque étage et non simplement dans le hall du bâtiment. L’accès au bâtiment est libre, il n’y a pas de code, ni de clé. À l’origine, on y trouvait un bureau de poste et une épicerie. Aujourd’hui, un marché bio hebdomadaire y a lieu et une simple boîte aux lettres est restée. Sur le toit de l’immeuble enfin, Le Corbusier y a installé une école maternelle (toujours en activité) ainsi qu’une piste d’athlétisme. C’était l’aire dédiée aux loisirs et à la culture.
L’entrée de l’école maternelle, sur le toit
Vue du toit de la maison radieuse
Boîtes aux lettres dans les couloirs
Les appartements de la Maison radieuse : différence entre hier et aujourd’hui
Le Corbusier avait réalisé ses appartements en duplex, adaptés idéalement pour la famille type de l’époque, c’est-à-dire un couple et ses deux enfants. Dans ces T4, nous y trouvons un hall d’entrée, une cuisine ouverte sur un petit salon, et une loggia-terrasse. À l’origine, les livreurs de produits alimentaires de toutes sortes, comme le lait ou les oeufs, pouvaient déposer la marchandise directement dans un petit coffre qui donne sur le couloir.
À l’étage du duplex, on y trouve une zone de travail consacrée à la mère de famille des années 50-60. Elle y faisait sa couture et son linge. Il y a aussi une suite parentale avec une petite salle de bains équipée d’une douche à l’italienne. De l’autre côté de l’appartement, on y trouve les deux chambres d’enfants. Elles sont plutôt étroites mais assez longues. Elles sont séparées par une cloison coulissante qui servait aussi de tableau noir sur lequel les enfants pouvaient dessiner ou écrire avec des craies.
Ce qui frappe dans cette description, c’est toute la modernité du lieu. Il faut rappeler que la maison radieuse a été érigée en 1955 et en visitant les lieux, j’avais l’impression que le bâtiment avait été conçu hier. Les principaux éléments de conception sont ultramodernes et correspondent aux codes actuels d’une maison ou d’un appartement de famille : cuisine ouverte sur le salon, chauffage au sol, suite parentale, douche à l’italienne, lits superposés pour les enfants et même espace travail, qui correspond à notre espace bureau actuel (devenu un incontournable).
Cuisine de la Cité radieuse
Zone de travail entre les chambres
Chambre parentale
Espace bureau de la Maison radieuse
Chambre des enfants
Des besoins d’espace limités par rapport à aujourd’hui
Au cours de la visite, une remarque intéressante avait été soulevée. En effet, les visiteurs se sentaient à l’étroit et estimaient que l’appartement n’était pas assez grand pour accueillir une famille de quatre personnes, environ 70 m². En plus, les espaces de rangement étaient pour eux insuffisants. Mais il faut replacer les choses dans leur contexte. À l’époque, les besoins en rangement et en stockage étaient verticalement opposés à nos besoins actuels. Les habitants n’avaient pas besoin de grande armoire, ni d’énormes placards intégrés pour stocker tous leurs vêtements ou leurs affaires de camping, de ski ou de sport. Ils n’avaient pas non plus besoin de cave, car on possédait beaucoup moins d’affaires qu’aujourd’hui. Dans la cuisine, un petit frigo top suffisait pour conserver les aliments frais. Quelques placards de cuisine placés en hauteur comblaient les aspirations de la ménagère. Quand j’ai visité l’appartement, curieusement, je me sentais plutôt à l’aise dans cet espace. Car bonne nouvelle, les appartements de la Cité radieuse sont adaptés à une vie de minimaliste ! Ce qui compte pour un minimaliste, à mon sens, c’est la délimitation des pièces, avec chacun son petit espace intime, son jardin secret. D’ailleurs, c’était également le souhait de l’architecte. Le Corbusier était très attaché à l’idée que la vie intime et personnelle devait rester de l’ordre du privé. Certes, nous étions dans un village dans l’immeuble, mais la vie publique s’arrêtait une fois la portée d’entrée de l’appartement franchie. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il avait voulu que chaque appartement soit séparé par des cloisons en béton, pour limiter au maximum les nuisances sonores.
En visitant la Maison radieuse de Rezé, j’ai eu un véritable coup de cœur ! J’aurais pu acheter l’un de ces appartements duplex dans une autre vie. Aujourd’hui j’aspire à plus de tranquillité et de verdure. Pour info, un T4 se vend environ 130 000 – 140 000 euros aujourd’hui. Avis aux amateurs… 🙂
Et vous, que vous inspire cet ensemble d’habitations ? Pour vous est-ce un signe de modernité ou le début des fameuses cages à lapin ? Le débat est ouvert !