Le kufu ou l’art de la débrouille

J’ai terminé hier la lecture d’un autre ouvrage de Dominique Loreau, L’art de l’essentiel. Je reviendrai dessus en fin d’article. Pour l’heure, j’avais envie de vous parler d’un concept zen japonais que la papesse du minimalisme évoque à la fin de son ouvrage. L’art du kufu.

Le kufu, kézaco ?

C’est l’art de faire avec les moyens du bord, l’art de la débrouille. Dans toutes les situations. Le kufu pourrait s’apparenter à l’ady gasy malgache, qui est aussi l’art de faire quelque chose à partir de rien.

Selon le zen, les limites du possible sont celles de notre cerveau, de notre imagination. Aujourd’hui, quand nous avons besoin de quelque chose, notre réflexe est d’aller l’acheter. Or, nous devrions faire comme nos aïeux, réfléchir avant de consommer. L’art de faire avec les moyens du bord est la preuve d’un esprit vif, curieux, inventif. Un esprit minimaliste.

Le kufu vient des grands-parents

Jadis, nos grands-parents savaient comment leurs possessions fonctionnaient. Si un appareil tombait en panne, on diagnostiquait la panne et on essayait de le réparer. On faisait appel à un spécialiste si on ne trouvait pas de solution. Dans les deux cas, ce mode de vie axé sur la simplicité était une bonne chose pour la planète : on ne consommait pas à outrance, nos appareils duraient toute une vie, on fournissait du travail à un voisin, un ami.

Aujourd’hui, et j’en parle en connaissance de cause car je fais partie de ces gens-là, quand un aspirateur n’aspire plus, on le met à la déchetterie et on achète un autre pas cher. Quand on a un trou dans une chaussure, on la jette et on achète une autre paire sur Internet. Au lieu de donner du travail à un honnête travailleur, nous consommons. L’acte d’achat a remplacé l’intellect. Mais nous pouvons agir pour éviter (au maximum) de nous comporter comme cela.

La société de consommation a transformé nos habitudes. De débrouillards nous sommes devenus flemmards. Notre âme de bricoleur doit renaître de ses cendres. Et c’est un travail de longue haleine qui nous attend tous.

Maintenant, au quotidien ça se passe comment ?

Par exemple, je cuisine toujours les restes (c’est un peu une passion !). À quoi bon aller faire des courses alors que j’ai plein d’aliments à cuisiner et que surtout, j’ai la flemme de sortir ? De même, je revois mes plans lorsque je rénove mon appartement. A quoi bon mettre du parquet alors que j’ai du carrelage beau et presque neuf ? Bon, c’est sûr, j’étudie toujours la question, mais c’est à présent loin d’être une priorité. Pour ma salle de bain, je souhaitais tout refaire : carrelage, peinture, meubles, vasque, robinetterie… Je me suis interrogée sur l’intérêt réel de cette idée et j’ai pesé le pour et le contre. J’ai en fin de compte décidé de garder tous ces éléments, certes un peu désuets, mais en les retapant, ils bénéficieront d’une seconde jeunesse qui me conviendra très bien. Du coup, pas besoin d’en acheter un tout neuf à Casto. Je vous montrerai des photos une fois que ce sera fait.

Dans cette optique, de nombreuses organisations de « répar’acteurs » font leur apparition. Des organisations qui militent pour allonger la durée de vie des produits de consommation courante, réduire nos déchets, et donner une seconde vie aux matériaux. Dans nos quartiers, nos villages, il y a des repair-cafés qui se multiplient.

A l’échelle mondiale, le site I Fix It se propose d’aider tout un chacun à réparer tout et n’importe quoi à l’aide de manuels pratiques.

Et mon avis sur L’art de L’essentiel ?

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L’art de l’essentiel – Dominique Loreau

Il y a énormément de livres et de blogs qui existent pour nous aider à nous alléger de nos possessions, faire le tri, mieux nous organiser…. Ce sont des livres utiles en soi, qu’on trouve partout, mais ils ne traitent pas le fond du problème. Certains livres peuvent retenir l’attention, car plus approfondis sur l’idée même de minimalisme. C’est le cas de « L’art de l’essentiel ». Une première lecture que je conseillerais, rapide et simple, de Dominique Loreau. C’est une belle entrée en matière du concept de simplicité et de minimalisme, avec des mises en application concrètes et un petit côté positif plein d’entrain. Il comprend aussi une bibliographie intéressante qu’on peut creuser plus avant.

J’en suis sûre (restons positifs !), au 21e siècle, rien ne se jettera tout se réutilisera. Alors êtes-vous prêt à reprogrammer votre manière de penser et à rejoindre le mouvement ? Le kufu et vous, une histoire d’amour ? J’attends vos avis !

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